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IMMIGRER ET REPRENDRE UNE ENTREPRISE AU QUEBEC QUAND ON EST FRANÇAIS, ÊTES-VOUS RÉELLEMENT PRÊTS ?

IMMIGRER ET REPRENDRE UNE ENTREPRISE AU QUEBEC QUAND ON EST FRANÇAIS, ÊTES-VOUS RÉELLEMENT PRÊTS ?

Cet article est rédigé conjointement par Xavier Chambon, Président-fondateur et Eric Gerbier, VP exécutif de Classe Affaires

Projet Québec : Êtes-vous prêt à sauter le pas et reprendre une entreprise ?

On entend souvent dire que le Québec est une terre d’opportunités : créer son entreprise y serait facile, le marché accueillant pour les entrepreneurs étrangers, et les compagnies à reprendre, légion… Mais qu’en est-il vraiment ?

La réalité est plus nuancée. 

Oui, car les chiffres sont clairs : d’ici cinq ans, plus de 50 000 entreprises québécoises seront à vendre ou menacées de disparition, faute de repreneurs. Derrière ce constat se cache une réalité démographique implacable — une génération de chefs d’entreprise part à la retraite, sans relève pour prendre la suite. Pour les candidats à la reprise, c’est une fenêtre d’opportunités unique, à condition d’être bien préparé et d’avoir une vision à long terme.

Et surtout, une fois la bonne entreprise identifiée, et avec un accompagnement professionnel adapté, le processus d’acquisition n’est pas si éloigné de celui pratiqué en France. Les étapes clés – immigration, audit, négociation, financement, signature – restent comparables. Bien encadré, l’entrepreneur français ne part pas de zéro, mais peut avancer avec méthode et confiance.

Oui, car cette démarche entrepreneuriale peut aussi ouvrir les portes de l’immigration. Le volet 3 du Programme des entrepreneurs du Québec est spécifiquement dédié aux repreneurs étrangers. Il permet non seulement de racheter une entreprise existante, mais aussi de s’y impliquer activement et de s’établir durablement dans la province. Une double opportunité : professionnelle et migratoire.

Oui, l’environnement administratif et juridique est un allié précieux : créer ou reprendre une entreprise au Québec est un processus relativement simple et peu coûteux. La législation du travail, plus souple qu’en France, et une culture d’affaires directe et pragmatique facilitent les échanges et accélèrent les décisions.

Oui, il est tout à fait possible d’investir sans s’installer : un étranger peut posséder 100 % des actions d’une entreprise québécoise sans y résider. Cela ouvre la voie à des montages flexibles – en s’associant avec un gestionnaire local, ou en opérant à distance, selon la nature de l’entreprise.

Mais alors, qu’est-ce qui vient tempérer cet excès d’optimisme ?

Car derrière les opportunités, il existe aussi des réalités bien concrètes. Forte de plusieurs années d’accompagnement dans des projets de transmission d’entreprises entre la France et le Canada, Classe Affaires a pu observer, mesurer et documenter les obstacles auxquels se heurtent les entrepreneurs, même les plus motivés. De cette expérience riche est née une série de constats et de principes clés pour guider tout acheteur français dans sa démarche de reprise au Québec — avec lucidité, méthode, et une bonne dose de préparation.

Le Canada n’est pas les États-Unis, et le Québec n’est pas la France.

Ce constat peut sembler évident, mais il est souvent sous-estimé lorsqu’il s’agit de reprendre une entreprise. Derrière une langue commune, des différences culturelles profondes se cachent – et au Québec, la francophonie partagée masque parfois des codes d’affaires radicalement différents. Chez Classe Affaires, près de 80 % de l’accompagnement consiste à préparer les repreneurs français à comprendre et à se faire comprendre des cédants québécois. Le choc ne réside pas tant dans les chiffres que dans la gestion des émotions, des attentes, et des façons de faire. Dans notre expérience, 80 % des succès – ou des échecs – d’une reprise se jouent sur le lien humain, bien avant les aspects juridiques ou financiers. Ignorer cette réalité, c’est prendre le risque de passer à côté d’une opportunité… ou de s’engager dans une impasse relationnelle.

Acheter une entreprise à distance sans accompagnement : 90 % d’échec !

Après la pandémie, de nombreux candidats à l’expatriation ont voulu reprendre une entreprise québécoise… sans jamais mettre les pieds sur place. Certains allaient jusqu’à solliciter Classe Affaires pour qu’on leur trouve une société à vendre avant même d’envisager un premier voyage exploratoire. Mais l’expérience le montre : vouloir acheter à distance, c’est courir à l’échec. Classe Affaires recommande une méthodologie claire : il faut d’abord venir sur le terrain, prendre le temps d’explorer le marché, créer des liens avec l’écosystème local, comprendre les dynamiques régionales, et valider, pas à pas, la faisabilité du projet. Avant toute lettre d’intention, c’est l’humain et l’information terrain qui comptent. Sans cette phase d’observation et d’immersion, les mauvaises surprises – culturelles, économiques, ou même réglementaires – sont quasi inévitables.

Un projet d’acquisition mal défini, une perte de temps assurée.

Pour bien prospecter, il faut d’abord savoir ce que l’on cherche. Or, le client français arrive souvent avec une idée vague ou floue de son projet. Il connaît parfois ce qu’il ne veut plus… mais rarement ce qu’il souhaite vraiment. Ne pas connaître les réalités du marché québécois, les secteurs porteurs ou les attentes locales, conduit à des recherches stériles. C’est pourquoi Classe Affaires recommande systématiquement de travailler sur une fiche de cadrage approfondie, élaborée avec le client. Elle permet de poser à plat des critères personnels (âge, projet de vie, philosophie d’affaires, compatibilité avec l’immigration…) et professionnels (secteur d’activité, localisation, taille, budget global). Une fois ce cadre établi, la prospection devient ciblée, réaliste et efficace : en moyenne, ce sont quatre dossiers analysés pour une transaction. Le flou initial, lui, coûte du temps, de l’énergie… et souvent des opportunités.

Fiscalité, patrimoine au départ et à l’arrivée : ne rien laisser au hasard.

Le système québécois repose sur un socle de droit civil, comme en France, mais il est fortement influencé par les règles fiscales canadiennes, parfois déroutantes pour les non-initiés. Entre la TVQ et la TVA, les conventions fiscales bilatérales, l’impôt des sociétés ou encore les contrats de travail, les écarts peuvent créer de vraies mauvaises surprises… quand ils ne sont pas anticipés. Chez Classe Affaires, l’audit fiscal fait partie intégrante de l’accompagnement dès le départ, en France, afin d’éviter toute incohérence ou déséquilibre patrimonial une fois sur place. D’autant que dans 80 % des cas, l’achat d’une entreprise s’inscrit dans un projet de vie plus global, incluant l’immigration. Il est donc essentiel d’aligner fiscalité, succession, investissements et statut migratoire dès les premières étapes.

L’immigration d’affaires : un ticket d’entrée à anticiper.

Le temps des allers-retours faciles entre types de visas est révolu. Aujourd’hui, l’achat d’une entreprise au Québec nécessite une stratégie migratoire réfléchie, orientée vers la résidence permanente. C’est la voie que recommande Classe Affaires à ses clients, via les programmes des gens d’affaires spécifiquement conçus pour les projets de reprise. Ce parcours est tout à fait réalisable, mais il demande un budget dédié et une planification rigoureuse. L’immigration ne doit pas être pensée après l’acquisition, mais bien en amont, dès l’étape de cadrage du projet. En moyenne, pour un acquéreur qui souhaite s’établir durablement au Québec, il faut compter 12 à 18 mois pour concrétiser l’ensemble du processus – du montage du dossier à la prise de possession de l’entreprise.

Penser que les banques canadiennes financent facilement… un doux rêve !

Au Canada, se présenter en banque est souvent une expérience agréable : le service est courtois, l’ouverture de compte rapide, les premières démarches simples. Mais dès qu’il s’agit de financer l’achat d’une entreprise en tant qu’étranger, les choses se compliquent sérieusement. Une notion cruciale échappe souvent aux Français : l’historique de crédit, véritable carte d’identité financière au Canada. Sans antécédent bancaire local, difficile de convaincre une institution de prêter, même avec un bon dossier. Les taux sont plus élevés, et l’apport personnel exigé peut grimper entre 25 % et 50 % selon le secteur. Il est donc impératif d’anticiper. Cela passe par la construction d’une capacité financière crédible, dès le départ, mais aussi par la préparation d’un plan d’affaires solide, ainsi qu’une exploration rigoureuse des aides disponibles (subventions, soutiens régionaux, investisseurs privés…).

Être prêt, ce n’est pas seulement vouloir acheter – c’est savoir comment financer, au bon moment, avec le bon dossier.

Les bonnes entreprises ne sont pas (vraiment) sur le marché !

Le marché québécois de la reprise est à la fois actif et très compétitif. Une grande partie des entreprises officiellement à vendre sont mal structurées, en difficulté ou peu attractives. À l’inverse, les entreprises solides, rentables et bien positionnées se transmettent souvent en dehors des canaux visibles, par des relations personnelles ou du bouche-à-oreille. Pour un entrepreneur étranger, surtout nouvel arrivant, intégrer ces cercles de confiance est un défi majeur. C’est pourquoi Classe Affaires s’appuie sur un réseau d’acteurs locaux, constitué depuis des années.

Résultat : 1 acquisition sur 2 accompagnées par Classe Affaires concernent des entreprises qui n’étaient pas sur le marché. Sans réseau, pas d’accès à ces opportunités invisibles. 

La lettre d’intention conditionnelle : une pratique indispensable mais déroutante.

L’un des grands écarts entre la France et le Canada réside dans la manière de formuler une offre d’achat. Au Québec, le marché de la reprise est rapide et peu transparent : pas d’équivalent d’Infogreffe, peu de bilans accessibles, et souvent une pression pour se positionner vite. Résultat : il est courant de rédiger une lettre d’intention (LOI) très tôt, parfois sans disposer de toutes les informations financières essentielles. Un défi majeur pour les acheteurs français, peu habitués à s’engager sans avoir 3 à 4 années de bilan sous les yeux.

Dans les faits, la lettre d’intention sert à “bloquer” l’opportunité, et les repreneurs québécois l’ont bien compris. Ils la formulent avec de nombreuses conditions suspensives (visa, financement, vérification diligente, fonds de roulement…), assorties d’un délai pour les lever. C’est un outil de sécurisation, mais aussi de négociation. Chez Classe Affaires, on estime à 6 à 8 mois le délai moyen entre le ciblage, la prospection, et la rédaction de cette LOI conditionnelle, dans un cadre professionnellement préparé.

Ne pas manager à la française : la reprise ne s’arrête pas à la signature.

Après des mois de négociations, de démarches administratives et parfois de bouleversements personnels, on pourrait croire que le plus dur est derrière soi. Erreur fréquente : négliger la phase de transfert et la gestion humaine au sein de l’entreprise reprise. En Amérique du Nord – et particulièrement au Québec – la culture de travail est marquée par une logique très spécialisée, une rémunération souvent horaire, et une flexibilité forte. Le rapport à la hiérarchie, la manière de déléguer, de motiver ou d’encadrer sont autant de points qui peuvent dérouter un dirigeant fraîchement débarqué. L’accompagnement par un ou une professionnelle RH est donc plus qu’un luxe : c’est un filet de sécurité pour éviter des erreurs de management potentiellement coûteuses, voire irréversibles.

Vous êtes prêt si vous êtes déterminé. Car au-delà de l’investissement financier, reprendre une entreprise au Québec est un défi de préparation, d’adaptation et de résilience. Le Québec reste une terre d’accueil pour les entrepreneurs étrangers : ils représentent déjà 12 % des repreneurs et leur part ne cesse de croître, portée par une dynamique démographique et migratoire forte. Les opportunités sont là – à condition de les aborder avec lucidité, méthode… et humilité.

Conclusion :

Le Québec est bel et bien une terre d’opportunités… pour les entrepreneurs bien préparés, lucides et entourés. L’acquisition d’une entreprise en terre francophone nord-américaine est un projet enthousiasmant, mais il demande rigueur, patience et adaptation. Si vous êtes prêts à en décoder les codes, à remettre en question vos réflexes et à construire un projet à 360°, alors oui – vous êtes (presque) prêts.