
17 nov. 2025
Alors que les Little Italy ou china town ou encore Little Portugal prospèrent à travers le monde, les marques françaises peinent encore à développer une approche collaborative à l'international. Pourtant, dans un contexte de mondialisation accélérée, l'union fait la force.
Le Canada, pays multi-ethnique où les communautés se regroupent et se côtoient et font des affaires, l’Europe et la France plus particulièrement, avec ses accords commerciaux avantageux et sa proximité culturelle, offrent un terrain d'expérimentation idéal pour repenser l'exportation française.
Le paradoxe français : l'individualisme face à la mondialisation
Une culture d'entreprise qui freine la collaboration internationale
La France excelle dans l'innovation et le savoir-faire, mais ses entreprises restent souvent isolées dans leur conquête des marchés internationaux. Cette approche solitaire contraste avec les stratégies gagnantes observées chez nos voisins européens. Pourtant, nous devons souligner une certaine prise de conscience dans le milieu de l’export si on se réfère à l’ouvrage de la Vice-présidente de l’OSCI Anne Martel-Reison et de Mr Jean-Christophe Gessler, Associate Professor MCF chez Université Paris Cité ``l’exportation collaborative , se regrouper pour exporter`` paru en 2022.
En Amérique du Nord, où la mentalité collaborative domine les affaires, cette individualité française devient un frein majeur. Les entreprises canadiennes privilégient les partenariats stratégiques et les alliances commerciales, créant des écosystèmes d'entraide qui démultiplient les chances de réussite. Pour s'implanter durablement au Canada, les marques françaises doivent adopter cette logique collaborative.
Les success stories de la collaboration française au Canada
On est plus fort ensemble
Plusieurs initiatives françaises au Canada démontrent le potentiel de l'exportation collaborative. L'alliance entre les boulangeries artisanales françaises et les fromagers traditionnels a permis de créer des espaces de vente communs dans les grandes villes canadiennes. De même, le regroupement des marques de mode française dans des showrooms partagés à Toronto et Montréal a considérablement réduit les coûts d'implantation. Ces exemples prouvent que la mutualisation des ressources, des espaces de vente et des réseaux de distribution permet non seulement de réduire les risques mais aussi d'amplifier l'impact commercial. La French Touch devient alors plus visible et attractive pour les consommateurs canadiens.
Les enseignes savent aussi collaborer.
À l’image de la dernière ouverture sur les Champs-Élysées à Paris du concept store L’occitane et Pierre Hermé, cette collaboration de marque très bien intégrée démontre un champs des possibles pour les marques enseignes françaises entre elles. Prenons l’exemple de Jeff de Bruges Canada, dont la notoriété n’est plus à démontrer en France mais qui commence à se faire connaitre au Québec. Cette marque positionnée premium accessible en France est perçue plutôt prémium au Canada. Ainsi, la marque leader de chocolat en France, par son positionnement plus premium, a pu développer de très belles collaborations avec des marques comme Yves Saint-Laurent, Louis Vuitton, L’Occitane, Yves Rocher, Roche Bobois, Dior, Chanel Parfums ou encore Longchamp. Ces collaborations outre-Atlantique permettent de développer la notoriété de la marque et de dynamiser les enseignes.
Les avantages concurrentiels du marché canadien
CETA et proximité américaine : un tremplin vers l'Amérique du Nord
Le Canada offre des conditions exceptionnelles pour les entreprises françaises grâce à l'Accord économique et commercial global (CETA) qui facilite les échanges. Cette porte d'entrée privilégiée vers le marché nord-américain de 500 millions de consommateurs représente un avantage concurrentiel majeur. Les tarifs préférentiels, la suppression progressive des barrières douanières et la reconnaissance mutuelle des certifications créent un environnement favorable. De plus, la stabilité politique et juridique du Canada, combinée à sa proximité géographique et économique avec les États-Unis, permet aux marques françaises de tester leur stratégie nord-américaine dans un contexte plus sécurisant que l'implantation directe aux États-Unis actuellement.
La mutualisation logistique : l'art de réduire les coûts
Des chaînes d'approvisionnement partagées pour optimiser la rentabilité
La collaboration logistique représente l'un des leviers les plus efficaces pour réussir son implantation canadienne. En mutualisant les entrepôts, les circuits de distribution et même les négociations avec les transporteurs, les entreprises françaises peuvent réaliser des économies substantielles. L'exemple du consortium de PME françaises spécialisées dans l'alimentaire haut de gamme illustre parfaitement cette approche. En partageant un même entrepôt à Montréal et des circuits de livraison communs, ces entreprises ont réduit leurs coûts logistiques de 40% tout en améliorant leur réactivité. Cette stratégie permet également de négocier de meilleurs tarifs avec les grandes chaînes de distribution canadiennes qui préfèrent traiter avec des groupements capables de fournir une offre diversifiée.
Ressources humaines et expertise partagée
Capitaliser sur les talents franco-canadiens pour accélérer le développement
La collaboration s'étend naturellement aux ressources humaines, domaine crucial pour la réussite au Canada. Les entreprises françaises peuvent mutualiser leurs besoins en recrutement, partager des profils biculturels et créer des pools de compétences communes. Cette approche permet d'accéder à des talents franco-canadiens expérimentés qui comprennent les codes des deux marchés. Les formations croisées, les échanges de bonnes pratiques et le partage d'expertise commerciale renforcent collectivement la compétitivité française. Certaines entreprises ont même développé des programmes de mentorat croisé où les réussites de chacune bénéficient à l'ensemble du groupe, créant une dynamique d'apprentissage accéléré particulièrement adaptée au contexte nord-américain.
Vers une French Valley canadienne ou la création du My litlle french village
Construire l'écosystème français de demain au Canada
L'avenir de l'implantation française au Canada réside dans la création d'un véritable écosystème collaboratif, à l'image des clusters technologiques américains. Cette "French Valley" canadienne pourrait regrouper entreprises, centres de recherche, incubateurs et réseaux d'investisseurs francophones. Les initiatives comme My Little French Village montrent la voie en créant des communautés d'entraide entre entrepreneurs français. Cette approche systémique permet de créer des synergies durables, d'attirer les talents et les investissements, tout en renforçant la visibilité de la French Touch. Le Canada, par sa stabilité et ses accords commerciaux, offre le cadre idéal pour expérimenter cette nouvelle forme de conquête collaborative des marques ou enseignes françaises.



