
7 nov. 2025
S’implanter au Canada en reprenant une entreprise existante est souvent une voie plus rapide et plus sécurisée que de créer une société à partir de zéro. Pour les entrepreneurs venus de France, cette stratégie permet de bénéficier d’une clientèle établie, de processus opérationnels déjà rodés et d’un chiffre d’affaires immédiat. Mais le financement d’un tel projet peut représenter un défi, notamment en l’absence d’historique de crédit canadien. Heureusement, le Canada offre une grande diversité de solutions, à condition de bien comprendre les spécificités.
1. Les leviers de financement disponibles
Le système canadien est souple et ouvert à la combinaison de plusieurs sources de financement. Toutefois, il exige une préparation rigoureuse et une bonne connaissance du marché local.
Le premier levier est l’apport personnel. Les institutions financières veulent s’assurer de votre engagement financier. En général, il faut prévoir entre 20 et 50 % du prix d’achat en fonds propres. Ce pourcentage varie selon le secteur d’activité, la présence ou non d’immobilier dans l’entreprise, mais aussi selon votre profil. Pour un nouvel arrivant sans antécédents de crédit au Canada, cet apport peut être un peu plus élevé. Il reste néanmoins essentiel pour crédibiliser votre projet.
Les prêts bancaires sont également accessibles, à condition de présenter un plan d’affaires solide et des garanties claires. En l’absence d’historique local, la banque peut demander un cosignataire canadien ou un apport plus conséquent. La relation avec le conseiller bancaire joue un rôle important : au Canada, la culture bancaire repose davantage sur la confiance et la proximité que sur la formalisation centralisée que l’on connaît en France.
Le Canada soutient activement les entrepreneurs à travers plusieurs programmes publics. La Banque du développement du Canada (BDC) propose des prêts spécifiquement conçus pour la reprise d’entreprise, y compris pour les nouveaux arrivants.
Le programme fédéral CSBFP (Canada Small Business Financing Program) permet aux banques de partager le risque avec le gouvernement, facilitant ainsi l’accès au crédit. À l’échelle provinciale et locale, des organismes comme PME MTL, Futurpreneur ou les CBDC offrent des micros prêts, du mentorat et un accompagnement personnalisé.
Un autre outil puissant est le PPE (Prêt aux petites entreprises) qui permet d’obtenir jusqu’à un million de dollars en prêt à terme. Ce montant peut couvrir l’équipement, les améliorations locatives, les actifs incorporels et le fonds de roulement. Le gouvernement fédéral garantit jusqu’à 85 % du prêt, ce qui rassure les prêteurs et facilite l’obtention du financement.
Très utilisé au Canada, le crédit-vendeur (ou vendor financing) consiste à ce que le vendeur vous accorde un paiement différé ou un prêt sur une partie du prix de vente. Ce mécanisme est souvent décisif pour équilibrer le montage financier et témoigne de la confiance du vendeur dans la pérennité de l’entreprise.
Enfin, certains montages incluent un earn-out, c’est-à-dire un paiement variable en fonction des performances futures de l’entreprise, ou l’entrée d’un investisseur privé. Ces options permettent de limiter l’endettement initial tout en alignant les intérêts des différentes parties.
2. France vs Canada : les différences culturelles en financement entrepreneurial
Aspect | France | Canada |
Apport personnel | Environ 30 % du prix d’achat exigé | 20–30 %, parfois plus pour les nouveaux arrivants |
Institution publique clé | Bpifrance (Banque publique d’investissement) | BDC (Banque de développement du Canada), CSBFP, programmes provinciaux |
Garantie publique | Bpifrance couvre 50–70 % du prêt | CSBFP ou PPE offrent une garantie partielle |
Crédit-vendeur | Peu courant | Très courant, souvent utilisé pour faciliter la transaction |
Culture bancaire | Centralisée et formalisée | Basée sur la relation, la confiance et l’historique personnel |
Historique de crédit | Le crédit européen est reconnu | Un historique de crédit canadien est généralement requis |
En résumé : la France propose un cadre financier structuré et uniforme, porté par des institutions publiques, tandis que le Canada, lui, mise sur la souplesse, le crédit-vendeur et une approche fondée sur la relation directe avec les partenaires financiers.
3. Les défis spécifiques aux nouveaux arrivants
Plusieurs obstacles peuvent freiner l’accès au financement pour les entrepreneurs français fraîchement installés au Canada. Le premier est l’absence d’historique de crédit canadien, qui peut être contourné grâce à des programmes comme ceux de la BDC ou du CSBFP.
Le deuxième est le statut d’immigration : certaines aides exigent la résidence permanente.
Enfin, la connaissance du marché local est cruciale. Un plan d’affaires bien ancré dans la réalité canadienne est indispensable pour convaincre les prêteurs.
4. Les clés du succès
Pour maximiser vos chances de réussite, il est essentiel de suivre plusieurs étapes clés :
a) Évaluer soigneusement l’entreprise cible, tant sur le plan financier que juridique et fiscal.
b) Structurer un montage hybride combinant apport personnel, prêt bancaire ou public, crédit-vendeur et aides locales.
c) Soigner la présentation du plan d’affaires, en le rendant clair, chiffré et réaliste.
d) Mettre en avant votre expérience, vos compétences et votre vision stratégique.
e) Travailler la relation de confiance avec les institutions financières et les partenaires locaux.
Conclusion
Acheter une entreprise au Canada en tant que nouvel arrivant français n’est pas une mission impossible. C’est au contraire une voie stratégique pour s’implanter durablement, bénéficier d’une clientèle existante et générer rapidement des revenus. Le Canada récompense les entrepreneurs bien préparés, transparents et déterminés. Avec les bons leviers financiers et un accompagnement adapté, la reprise d’entreprise devient un véritable tremplin vers une intégration réussie et une aventure entrepreneuriale en terre canadienne florissante !



